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La presse n'a pas bonne presse en France

25 Feb

2013

Yann Bidon
ÉcritPar  Yann Bidon
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La presse n'a pas bonne presse en France

Appelés souvent le 4ème pouvoir, les médias ont normalement pour rôle d'équilibrer, d'être le contre-pouvoir de la politique et du judiciaire. Elle doit informée les citoyens, nourrir les débats, partager différents points de vue et pouvoir traiter de tout. Or dans la pratique, ce n'est pas réellement comme cela ou, du moins, ce n'est pas comme cela que le perçoive une bonne partie des français.

D'après un sondage réalisé par l'OJIM qui n'est autre que l'Observation des Journalistes et des Informations Médiatiques que vous pouvez retrouver ICI, beaucoup de français ont une image assez négative des médias. Dans le même temps, L'Observateur des Médias publie un long article d'Emmanuel Daniel très critique sur les médias et l'impossibilité d'en faire l'autocritique.

Tout d'abord, parlons de la liberté des médias. Pour 85% des sondés, la liberté d'expression s'est dégradée au fil des années. Le média respectant le mieux la liberté d'expression et la pluralité des points de vue est sans conteste l'Internet selon 75% des sondés. La télévision arrive bonne dernière avec seulement 1%. M. Daniel rappelle que la France est classé 38ème au classement mondial de la liberté de presse de Reporters Sans Frontières en 2012. Tout ce qui dérange est finalement écarté, et ceux qui osent critiquer entreprennent alors leurs propres suicides professionnels dans la presse française. Ainsi Pierre Carles avait réalisé plusieurs films pour critiquer le fonctionnement de la télévision mais personne n'a voulu le diffuser. Son documentaire "pas vu, pas pris" fut finalement diffusé par RTBF, chaîne belge. C'est dans des cas comme cela que l'on voit le côté corporatiste des médias. L'Internet permet d'éviter cette censure, c'est ainsi que Reflets.info peut se permettre d'être aussi critique malgré les menaces(notamment sur le DPI).

Comment expliquer ce manque de liberté? Sans doute par leur manque d'indépendance. En effet, 73% des sondés considèrent que les médias ne sont pas du tout indépendants et 22% pensent qu'ils ne sont plutôt pas indépendants. 54% pensent ainsi que les propriétaires de médias influent sur leurs lignes éditoriales et 34% plutôt oui. Ceux qui se dressent ainsi contre leurs supérieurs se font alors sanctionner. Ainsi, comme en témoigne Libération, quand Daniel Schneidermann, reporter chez le Monde, proposa au directeur de rédaction du Monde, un débat avec Pierre Péan et Philippe Cohen, auteurs de "La Face cachée du Monde : du contre-pouvoir aux abus de pouvoir", ce dernier s'écria "Il faut savoir où tu es, Schneidermann. Si tu es dedans ou dehors". Quand celui-ci publie un livre "Cauchemar médiatique" qui est très critique sur le Monde, celui-ci se fait renvoyer au motif de l'article 3b de la convention collective des journalistes: "Les organisations contractantes rappellent le droit pour les journalistes d'avoir leur liberté d'opinion, l'expression publique de cette opinion ne devant en aucun cas porter atteinte aux intérêts de l'entreprise de presse dans laquelle ils travaillent.". Cette règle est juste magnifique selon moi. On peut publier ce que l'on souhaite, tant que cela plaît au patron sinon c'est une cause légitime de renvoi... Bon, celui-ci va sur France 5 et fait animateur de "Arrêt sur images". Il se fait alors excuser car son émission irrite la direction. On pourrait espérer que les syndicats les défendent. Voyons ce qu'ils disent "l’auto censure des journalistes est grande, surtout en période d’incertitude comme celle-là. Chacun tient à son poste et à son salaire" d'après Emmanuel Vire du syndicat de journalistes SNJ-CGT. Quelle résignation...

Encore une fois, Internet se démarque. 94% le considèrent comme le média le plus indépendant. Rien d'étonnant à cela, les journalistes peuvent ici y trouver un espace pour diffuser librement leurs papiers sans dépendre de grands groupes. Après tout, ce n'est pas les journaux de Serge Dassault qui vont, comme la fait Rue89 par Augustin Scalbert, faire un article critique sur Serge Dassault, ses liens avec le pouvoir et "ses idées saines" ou encore les journaux de Bernard Arnault qui vont dénoncer les pressions que ses collaborateurs exerceraient.

Outre les pressions venues des dirigeants, la politique pose problème. M. Daniel rappelle qu'énormément de médias dépendent des subventions publiques, faisant de l'État, un décisionnaire important. De plus, pour 98% des sondés, l'orientation politique du journaliste influence son travail qui serait à 86% à gauche ou très à gauche. Cependant, à la question, qu'est-ce qui nuit à l'indépendance des journalistes? Seul 22% disent les pressions politiques. C'est le conformisme idéologique qui remporte les suffrages à 60%.

L'une des solutions est de rétablir la pluralité idéologique des rédactions selon 82% des sondés. Mes chers médias, plutôt que de faire du lobby pour censurer l'Internet dont vous avez si peur, vous devriez plutôt le prendre comme modèle, c'est-à-dire, proposer différents points de vue, informer les citoyens sans vous laissez influencer par la pensée unique, la propagande et ce qui est dans vos intérêts. Car oui, patrons, vous perdrez du contrôle et de l'influence, mais vous conserverez vos empires.

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Commentaires (1)

  • 1
  • Caro
    Caro

    27/02/2013 à 16h44

    Je suis tout à fait d'accord avec tout ce que tu nous dis là ! Les médias m'énervent vraiment ! On est obligés de se limiter aux pensées que nous proposent les médias et il est difficile d'avoir une pensée différente de la pensée unique proposée par les média !... C'est dommage...

    big_nay

    23/05/2013 à 17h10

    Merci Caroline pour ce commentaire.