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Rangs et titres de noblesse

13 Jul

2013

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Écrit Par  Yann Bidon
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Rangs et titres de noblesse

Aujourd'hui, on va parler de la noblesse et notamment des rangs et titres de noblesse. On entend souvent dans les séries, la littérature et autres œuvres, parler de comte, marquis, duc, mais de quoi il en retourne exactement ? Quel est le rôle de chaque titre, leur place dans la hiérarchie ? À dire vrai, répondre précisément à cette question serait très compliquée car certains rôles ont vu leur importance croître ou inversement décroître au fil du temps et des régimes ainsi qu'en fonction des lieux, l'Ancien Régime n'étant pas qu'un seul bloc consistant. Je vais ici faire une présentation globale et m'intéresser principalement au Moyen-Âge en France car c'est souvent de cette époque que l'on parle. Je vous propose de commencer la hiérarchie nobiliaire du plus petit au plus grand.

Le plus faible rang est celui d'écuyer qui, j'insiste, n'est pas un titre. À l'origine, c'était le rang porté par un gentilhomme (personne née noble) ou un anobli (personne pas née noble mais anoblie par sa fonction ou par lettre patente du roi) qui accompagnait un chevalier. Ce dernier était alors en charge de l'écu (bouclier avec sa partie inférieure en forme ogivale) d'où le nom écuyer. Au fil du temps, on garda cette appellation pour les gentilshommes n'ayant pas de titre même s'ils choisissent de ne pas être dans l'armée. C'était ainsi le titre de base quasiment pour les nobles.

Vient enfin le premier titre de noblesse, celui de chevalier. Il faut savoir que la chevalerie n'a pas toujours été un titre de noblesse. Il fut avant tout une distinction pour les combattants équestres d'élite. C'était un ordre militaire au service d'un seigneur. Un chevalier n'était au départ pas noble mais c'était un excellent ascenseur social. On mariait souvent sa fille à un grand guerrier, le rendant noble en conséquence. La chevalerie prit de l'important notamment grâce à l'Église et les croisades mais aussi, il faut le dire, par le roman de Chrétien de Troyes, les chevaliers de la Table Ronde au XIIe siècle qui influença les mentalités. Les chevaliers étaient au service d'un seigneur. On devient chevalier par la cérémonie de l'adoubement. Petit à petit, cela devient un titre de noblesse lors que la plupart des chevaliers étaient des écuyers promus et qu'on leur accordait la charge de terres, bâtiments, ponts, etc.

Le banneret était un chevalier particulier qui portait la bannière de la seigneurie qu'il représentait. En cela, il était supérieur aux chevaliers traditionnels de ce même seigneur et les commandait ainsi. C'est un titre tombé en désuétude qui disparut lors de la création des compagnies d'ordonnance crées par Charles VII.

image utilisateurLe baron est un seigneur tenant son fief directement du roi. Les fiefs sont de l'ordre des villes, grandes villes avec parfois une forêt. Le siège de la baronnie (terre d'un baron) était souvent un château. La baronnie est le synonyme au Moyen-Âge de la châtellenie (plus petit découpage administratif d'un domaine).

Le vicomte était un officier de judicature du duc ou du comte, pour le gouvernement d'une ville ou d'une province ou le seigneur d'une terre titrée « vicomté ». C'est donc un officier, il représente une autorité supérieure, notamment le comte ou le duc mais aussi, s'il y en a un, le roi. Sachant cela, il est supérieur au baron dont le fief est obtenu par le roi mais ne représentant pas ce dernier.

Rentrons dans la haute noblesse avec le comte. Seigneur d'un comté, composé de plusieurs baronnies et vicomtés. Il s'agit du plus ancien titre de noblesse. Bien qu'au début, il n'avait qu'une fonction administrative, au Moyen-Âge, suzerain de sa province, il obtient les droits régaliens (justice, guerre, anoblir…)

Le marquis est un comte spécial, il est le seigneur d'un comté se trouvant aux frontières du domaine supérieur (royal ou ducal). Il était ainsi le premier exposé en cas d'invasion ennemie. Ainsi on lui conféra des pouvoirs militaires lui permettant de lever le contingent de l'armée sans avoir reçu l'ordre du souverain. Le but est ici de pouvoir réagir rapidement à une attaque ennemie sans avoir à demander l'autorisation au souverain, ce qui signifie envoyer un message au château et attendre son retour. Le marquis à la tête d'un marquisat est donc un comte avec des prérogatives étendues.

Le duc est à la tête d'un duché, composé de comtés. Ce sont des familles possédant une grande force militaire généralement. Il gère l'administratif, le judiciaire. En somme, il possède une certaine autonomie. C'est une des plus grandes provinces après le royaume. C'est en quelque sorte un gouverneur général.

Donc par ordre de préséance croissant : écuyer, chevalier, banneret, baron, vicomte, comte, marquis, duc…Oui mais pas seulement, il faut aussi tenir compte de la pairie. La pairie de France est composée des grands officiers, les proches du roi. C'est un office de la couronne et non un titre de noblesse. Toutefois, être membre de la pairie vous met au-dessus de tous les autres nobles non pairs de France. Ainsi un baron pair est supérieur à un duc qui ne l'est pas. La seule condition est d'avoir un fief. Mais ne nous leurrons pas, c'était surtout donné aux puissants seigneurs. À l'origine, c'était les électeurs qui votaient pour élire le roi lorsque la loi de la primogéniture n'était pas en vigueur. À partir de là, il était en charge de la succession, de l'organisation du sacre et c'était eux qui choisissaient la régence quand le roi était mineur. Cela présente l'avantage de siéger au Parlement de Paris et de n'être jugé que par une cour spéciale composée d'autres pairs. Ah, si Fouquet était resté procureur général du Parlement de Paris, il n'aurait pu être traduit en justice que par des pairs, mais il s'est fait avoir par Colbert.

Bien, continuons (car ce n'est pas fini) dans les titres et rangs. Il reste encore la maison royale. Les enfants du roi sont les fils/filles de France et les petits-enfants, les petits-fils/petites-filles de France. Les autres membres de la famille royale mais qui ne sont plus dans la branche régnante et donc issus des branches mineures (typiquement les cousins/cousines) sont appelés les princes et princesses du sang. C'est le rang de base de tout sang royal. Le premier prince du sang est le prochain dans la liste de succession si l'ensemble de la branche régnante venait à disparaître. Il est souvent la tête de la branche cadette. Le Monsieur désignait, avant de devenir l'expression usuelle que l'on connait tous, le frère cadet du roi. Je rappelle le cadet est celui né après l’aîné.

Un rôle peu connu, je pense, est celui de roi :D . C'est la personne qui exerce la royauté, c'est le chef du domaine royal, souverain des nobles de son territoire. Ses pouvoirs dépendent du régime dans lequel il est. Dans une monarchie de droit divin, il a énormément de pouvoirs dans la limite de la religion, dans une monarchie constitutionnelle, il est borné à la constitution, ou dans une monarchie élective, faut plaire aux seigneurs pour que sa lignée perdure. Mais globalement, cela reste le top.

Mais est-ce vraiment le sommet ? Non, il y a les empereurs. C'est le roi des rois en quelque sorte. C'est le seigneur d'un empire qui est composé de plusieurs royaumes. Prenons l'exemple de l'Empire britannique, il est composé de plusieurs royaumes. Tout comme le Saint Empire romain germanique.

On entend aussi parfois parler d'autres appellations, par exemple, douairière qui complète potentiellement un titre. Qu'est-ce que cela signifie ? C'est un des époux qui est veuf et bénéficie d'une partie des biens du défunt. C'est ce qu'on appelle un douaire, une partie des biens réservés pour l'époux survivant. Bien souvent, cela désigne dans le système agnatique (lignée par la masculinité), la femme du défunt noble, porteuse d'un titre, dont le fils et son épouse ont hérité. La femme de son fils hérité prend donc le titre de la mère. Par respect et égard, on lui laisse son titre auquel on suffixe douairière. C'est le lègue de son défunt mari. Cela peut s'appliquer aux hommes également même si les lignés cognatique (indifféremment homme-femme) sont rares. Pour les fans de Downton Abbey, prenons le Comte de Grantham, il a comme épouse Violet Crawley, Comtesse de Grantham. À sa mort, le titre alla à son fils, Robert Crawley. La femme de Robert, Cora, prit alors le titre de Comtesse de Grantham. Ainsi Violet Crawley devint Comtesse douairière de Grantham.

Dans les autres appellations, il y a également le consort. Il désigne l'époux non régnant. Il sert surtout dans les systèmes cognatiques à repérer qui dirige là où dans un système agnatique, il n'y a que l'homme. Ainsi, en Angleterre, Sa Majesté la reine Élisabeth II a pour époux le prince consort, Philip Mountbatten.

Pour parler de l’aîné héritier, vous avez pu entendre le nom de Dauphin. Le Dauphiné est un comté représentant actuellement trois départements : la Drôme, les Hautes-Alpes et l'Isère. Anciennement sous le Saint Empire romain germanique, il passe en 1349 sous l'autorité française. Domaine important, il fût attribué à chaque fils héritier du roi de France et ce, jusqu'à la Révolution. Les comtes gérant ce territoire étaient appelés Dauphins. Ainsi, on appelait souvent le Premier fils de France par son titre de Dauphin mais c'est valable qu'après 1349.

Titre particulier, le titre de Vidame était celui qui menait l'armée d'un évêque. C'est un équivalent à Vicomte.

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Commentaires (24)

  • Fleur
    Fleur

    28/04/2022 à 09h29

    bonjour.
    Ce texte m'a beaucoup servi.
    Je sais que une de mes ancêtres était dans un rang de la noblesse (comtesse, je crois) de la noblesse italienne ou espagnole (désolé, mes sources restent confuses du fait de mon manque de culture dans ces deux pays) qui a été déchue de son titre pour avoir aimé un jardinier( la pauvre, quand même.)
    merci pour cet article !!!

  • Kiksa
    Kiksa

    28/04/2022 à 09h16

    D'ailleurs, tu faux sur un point, blanc-degans, car malgré le fait que le droit nobliaire soit en effet plus complexe que ça, on peut considérer que les informations de ce site sont comme un "résumé". Tu peux vérifier sur d'autres sites, si ça t'intéresses, mais malgré le manque d'information (assez conséquentes sur certains) sur certains des titres, cela reste en majorité vrai. Et, crois-moi, je me suis renseigné pour te dire cela.

  • Kiksa
    Kiksa

    28/04/2022 à 07h57

    Super intéressant, merci beaucoup ! J'ai appris plein de chose (espérons que j'aurais une bonne note à mon controle d'histoire !!)

  • Auteure
    Auteure

    18/06/2020 à 10h34

    Merci pour ces infos !

  • Blanc-Degans
    Blanc-Degans

    05/03/2019 à 11h42

    c'est nul et bidon. Le droit nobiliaire est un peu plus complexe.

  • Aerida
    Aerida

    10/09/2018 à 14h32

    Très intéressant ! Du coup ça veut dire que les ducs commandent les comptes qui commandent les barons qui commandent le peuple ?
    Désolée si la question est idiote. XD

  • Bernard 24
    Bernard 24

    29/08/2018 à 14h42

    Merci pour toutes ces précisions difficilement accessibles pour nous, amateurs!
    Je crois qu'il s'est glissé une coquille dans le paragraphe de la pairie où il est écrit "au dessous" au lieu de "au dessus" de tous les autres nobles non pairs.
    Très utile en tous cas, beau travail!

    Yann Bidon

    07/10/2018 à 10h04

    Tout à fait. C'est corrigé, merci de votre vigilance.

  • Suzerain royal
    Suzerain royal

    14/03/2018 à 14h29

    Pourquoi ne figure pas le suzerain ?

    Yann Bidon

    07/10/2018 à 10h32

    Pour la même raison que ne figure pas vassal, souverain. Ce ne sont pas des titres de noblesse.
    Cela marque la relation entre deux seigneurs. Un suzerain est un seigneur qui concède un fief à un vassal avec les droits afférents en échange, le vassal se met sous la protection du suzerain. Un duc peut être suzerain pour ses vassaux et être lui même vassal d'un autre suzerain.

    La Souveraineté est le pouvoir suprême reconnu à l'État détenant l'exclusivité des compétences sur le territoire national. En gros, on n'est plus en féodalité où les seigneurs locaux ont des pouvoirs relativement élargies. L'État étant incarné par le roi ("L'État, c'est moi"), le roi est souverain dans le domaine royal.

  • Lovedeath11
    Lovedeath11

    21/08/2017 à 11h51

    Merci, maintenant je sais qui est au-dessus de qui.

  • Chopchop
    Chopchop

    11/08/2017 à 12h50

    Vive la noblesse de foune! la seule valable!