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La prétendue atteinte à la laïcité de Macron

10 Apr

2018

Yann Bidon
ÉcritPar  Yann Bidon
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La prétendue atteinte à la laïcité de Macron

Depuis le discours de notre président Emmanuel Macron à la conférence des évêques de France, voilà que notre belle gauche moralisatrice se lève d’un seul Homme pour crier à l’atteinte à la laïcité. Macron aurait bafoué la sacro-sainte loi de 1905 relative à la séparation de l’État de et l’Église. Peut-être ces derniers seraient fort avisés de revoir la définition de laïcité et la teneur de cette fameuse loi de 1905.

Car à aucun moment, il n’y ait dit que l’État ne doit pas s’occuper du religieux dans le cadre institutionnel, ni ne doit s’adresser à un groupe religieux en particulier. À une époque, les états civils étaient tenus par les églises, c’était ces dernières qui enregistraient les naissances, les mariages et les décès. La République arrivant et notamment la troisième, un mouvement anticlérical, nourrit déjà depuis la révolution française, se manifesta avec la mouvance d’Émile Combes qui souhaitait purement et simplement l’éradication de l’Église en France. Les catholiques, de leur côté, criaient à l’anticléricalisme et l’anticatholicisme, refusant de voir disparaître et malmener leur culte. Les politiques de l’époque jouèrent les équilibristes et trouvèrent ce compromis qui se matérialisa par la loi de 1905 portée par Jean Jaurès et Aristide Briand.

La religion alors publique, pour ne pas dire d’État tant il se reposait dessus, devient alors du domaine privé. Cela implique l’article 1 de la loi de 1905 qui consacre la liberté de conscience et la liberté de culte de tout à chacun. La religion devient propre à chacun et chacun est libre de l’exercer dans le respect de l’ordre public. On a donc une séparation du pouvoir public et de la société civile composée de citoyens égaux et la société religieuse qui fédère des individus libres. Cette distinction société civile et société religieuse est le cœur de la laïcité, c’est sa définition. Les cultes et leurs représentants sont distincts des instances étatiques et civiles. Est-ce que cela veut dire qu’ils ne doivent pas avoir de poids dans l’organisation de la société ? Absolument pas. Comme tout groupement d’individus, que cela soit des entreprises, des associations, des fédérations, des conseils, des syndicats, ils ont le droit de participer aux débats publics, de manifester, d’appeler leur membre à agir, à défendre ses idéaux et ses valeurs. De même, en aucun cas, l’État doit copieusement ignorer leurs revendications sous prétexte que c’est des cultes. Ce qui est interdit, c’est qu’une instance étatique se dise « écoutez, nous, preneurs de décisions, on est catholique donc on va choisir et appliquer sans réfléchir ni regarder objectivement les propositions de l’Église catholique de France ». Mais il est évident que les lois ne doivent en aucun cas être prises par les convictions religieuses des dirigeants. PAR CONTRE, et j’insiste, cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas tenir compte de la conviction religieuse de ses concitoyens. Si la majorité de nos citoyens est catholique et n’est pas pour l’euthanasie car pour eux, la vie est sacrée, je ne vais pas faire voter une loi pour l’euthanasie et interdit tout débat car leur seul argument est religieux. Le rôle d’un dirigeant politique est de représenter son peuple dans toute sa diversité mais également dans tout ce qui la fédère et l’unit. La politique doit être à l’image de son peuple et ne doit pas être religieux. Mais le peuple est religieux et la politique se doit de respecter les croyances de son peuple et d’en assurer le libre exercice tant que ça n’heurte pas l’ordre public. Ainsi les cultes doivent faire partie du débat public comme toute association, société civile, organisme et il n’est pas interdit que des responsables politiques rencontrent des représentants de cultes (des prêtres, des évêques, des rabbins, des imams…) et c’est normal, car ils ont voix au chapitre. De même, il n’y a rien qui interdit les politiques d’aller voir les représentants et de discuter et faire un discours. La seule chose qu’interdit la loi de 1905, c’est de tenir un discours religieux, et de le tenir dans un lieu de culte. En gros, oui, le président n’a pas le droit de dire « Je suis catholique, je vais chasser les musulmans de France » car on est dans le discours religieux. Par contre, dire que « les relations entre les catholiques et les politiques se sont détériorées », tout d’abord, c’est un fait et ensuite dire qu’on veut y remédier n’est pas une atteinte en soi tant qu’il ne fait pas de discriminations.

Cela m’amène au second point et second article de la loi de 1905, la neutralité religieuse de l’État. Comme désormais l’État est distinct de l’Église, celui-ci n’a plus de religion mais dispose de citoyens qui en ont des différentes. Ainsi, pour que chaque citoyen soit égal, l’État ne doit favoriser aucun culte en particulier. Ne pas favoriser ne veut absolument pas dire être nihiliste et ne rien donner à personne. Cela veut dire que l’État va s’intéresser aux questions religieuses et d’ordre public de la même façon peu importe le culte. Il est interdit pour l’État par la loi de 1905 de subventionner et de salarier des cultes (avec des exceptions car la loi de 1905 n’est pas appliquée sur le territoire comme l’Alsace-Moselle par exemple). Mais il n’y a pas que le financement dans la vie. Quand Macron dit qu’il veut réformer l’organisation de l’Islam de France, il parle de l’organisation structurelle de l'Islam, ce n’est pas un impair à la laïcité. Il est demandé à chaque culte d’écarter tous prélats tenant des propos anti-républiques. Aujourd’hui, avec leurs organisations hiérarchiques, c’est très bien fait dans le culte juif et chrétien et c’est difficile dans les mosquées avec certains imams qui appellent toujours à la haine de la France et de la République. Donc il souhaite revoir l’organisation de l’Islam de France pour qu’ils respectent les obligations qui sont déjà respectées par les autres, toujours dans une question d’équité. Neutre ne veut pas dire que l’État ne donne pas de droits et de devoirs aux cultes mais que tous doivent suivre les mêmes règles, qu’aucun n’est favorisé, qu’aucun n’a d’avantages que d’autres n’ont pas. Par exemple, il est demandé aux religions qu’aucun signe religieux ostentatoire (ce mot est important) ne soit porté dans l’espace public pour ne pas gêner l’ordre public. Donc une petite croix, une main de Fatima, ok, mais un voile intégral…non. Mais le voile est autorisé, car on l’a autorisé pour les sœurs chrétiennes. Donc voilà, chacun respecte les mêmes règles. C’est tout ce qu’impose la laïcité et la loi de 1905.

Mais là, Macron est allé dire qu’il veut se rapprocher des catholiques, c’est grave, me direz-vous. Non. Quand il est allé manger au CRIF le 7 mars dernier, il voulait se rapprocher des juifs. Quand il est allé rompre le jeun du ramadan, il voulait se rapprocher des musulmans. Je ne comprends pas pourquoi ces voix ne se sont pas levées à ce moment là également. Serait-ce de l’antichrétien de la part de nos politiques ? Au final, les voix qui se lèvent pour gueuler contre l’atteinte à la laïcité prétendue de Macron mais qui se sont tus lors de ces deux précédents événements, ne feraient-ils pas de l’antichrétien et de fait, ne traiteraient-ils point une religion différemment des autres et au final, n’est-ce pas eux qui font une atteinte à la laïcité ? Je vous en laisse juge.

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Commentaires (9)

  • 1
  • alberthgsm
    alberthgsm

    10/05/2018 à 09h20

    Juste pour te donner mon avis sur la laïcité et le fait que chaque citoyen qui compose la république dispose d'une ou parfois même de plusieurs religions et sans oublier ceux qui n'en ont pas du tout et n'en veulent pas.
    Deux éléments à toujours avoir en tête, la notion de sphère publique et privée.
    1) Dans la mesure ou le principe de laïcité (via la loi de 1905 ) a été établie pour faire en sorte qu'il y ait une reconnaissance par l'Etat de la liberté de culte c'est que cela ne devait pas être le summum de l'évidence au par avant.
    2) Cette reconnaissance ce fait aussi par un classement de cette liberté dans un domaine ou une sphère dite Privée.
    Quoi de plus logique et de bon sens puisqu' on est au niveau de l'individualisme.
    3) La sphère privé, restant du domaine privé, ayant été établie reste la sphère Publique. C'est cette dernière qui est du ressort de l'Etat, parce que dans cette sphère Publique rentre tout ce qui est des BESOINS COMMUNS à l'ensemble des HUMAINS constituant l'effectif (aussi qualifié de Citoyens ) de la république . On peut citer parmi les besoins communs se nourrir, se vêtir, s'instruire, se déplacer, se soigner, se loger, s'éclairer, etc...
    Si on reste sur l'acceptation de ces deux notions Laïque de Sphère Publique et Privée, alors effectivement on comprend difficilement ce qu'un représentant politique fusse t-il Président de la République, aille faire à une réunion de religieux, quelle qu'elle soit, puisque traitant de choses Strictement d'ordre individuel.
    Voilà , j’espère ne pas avoir été trop long.

  • pd
    pd

    11/04/2018 à 09h17

    trop bien