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La situation de nos armées

26 Mar

2016

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Écrit Par  Yann Bidon
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La situation de nos armées

Le 23 mars 2016, j’organisais une conférence avec le général Desportes et le général Pinard-Legry sur le situation de nos armées. Je peux me féliciter d’avoir fait salle comble et d’avoir rempli l'amphithéâtre de science po. Mais plus que de la prétention, cela me réchauffe surtout le coeur de voir que les français sont encore attachés à leurs armées. Ces dernières années, l’État ne cesse de faire des économies sur ses fonctions régaliennes tel que la justice, la sécurité, l’éducation. Il va de soi que les armées ne sont pas épargnées par ces coupes franches. À chaque livre blanc, document qui régit le budget de la défense, on assiste à des coups de rabots sur les finances. Et il est d’autant plus facile de taper sur celle qu’on surnomme la grande muette, qu’elle ne se rebelle pas et applique de manière très disciplinée son devoir de réserve. Lorsqu’on s’occupe des enseignants, d’avocats, on les voit manifester et crier leur désapprobation, ce n’est pas le cas de l’armée. Alors que nos valeurs humanistes tendent à dire qu’on doit au contraire accompagner et aider les plus faibles, tels les muets, voilà qu’on laisse les armées à son sort. Il est normalement des hauts dirigeants militaires et des politiques de faire remonter ce que la grande muette ne dit pas publique, mais ces voix ne portent plus. Puisque la hiérarchie militaire n’est plus écouté et entendu, c’est alors à nous citoyens de nous élever pour la défendre. C’est pour cela que j’ai intégré l’ASAF, l’association de soutien à l’armée française. Son rôle n’est pas comme d’autres associations de perdurer le devoir de mémoire, l’ASAF est au contraire ancré dans le présent et tourné vers l’avenir. Elle entend peser dans l’opinion public pour y défendre l’intérêt militaire en sensibilisant la population et en alertant les politiques et leur faire prendre leur responsabilité envers la situation de nos armées.

Une illusion de sécurité et de paix

Car ne nous leurrons pas, bien que j’aimerai vraiment une paix mondiale, l’Histoire montre bien que les guerres et conflits armés sont endémiques à notre existence. Dès qu’on conquit et dompte un territoire, la guerre s’y immisce. On avait la terre, on a fait l’armée de terre. On a finalement naviguer sur les mers, voilà qu’on crée la marine. Avec l’invention de l’avion vient l’armée de l’air. Demain, peut-être l’espace et aujourd’hui déjà le cyber-espace. . Dès qu’il y a un espace à conquérir, les hommes se battent pour y imposer leurs modèles, leurs us et coutumes, leurs valeurs, etc. Et plus macroscopique, au sein même d’un territoire, différentes nations, ethnies, religions s’affrontent et ce, de tout temps et en tout lieu. Bien que depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, on n’a plus été touché sur notre territoire par des guerres, de nombreux conflits ont éclaté partout dans le monde. Ils ne nous affectent pas tous forcément mais il faut garder cela en tête car à tout moment l’ennemie peut venir frapper à nos portes. Je ne souhaite pas tenir un discours alarmiste comme le font certain. Je tiens juste à souligner la nécessité impérieuse d’avoir la capacité de nous défendre et cela passe par nos armées.

Nonobstant, on ne cesse de la réduire sous des prétextes fallacieux. Il y a des causes, je ne dis pas que nos dirigeants font ça par plaisir mais regardons un peu les excuses qu’on nous donne. Tout d’abord, la protection américaine. Depuis que le soldat Ryan est venu nous “sauver” lors de la Seconde Guerre Mondiale, les États-Unis ont réussi à prendre le leadership mondial. Renforcé depuis sa réussite lors de la guerre froide avec la chute du modèle soviétique, les États-Unis interviennent dans toutes affaires internationales et diligentent la plupart des conflits mondiaux. On peut leur en tenir rigueur ou les saluer, je n’ai pas à m’exprimer là-dessus. Le fait est qu’on a créé une alliance avec eux, qu’on appelle l’OTAN ou organisation du traité de l'atlantique nord. Nous voyant protégé par un allié avec une artillerie considérable, on s’interroge légitimement sur l’intérêt de notre propre armée. Mais là encore, ne nous fourvoyons pas et je vais me permettre une référence à Game of thrones. Tywin Lannister prenait une grande partie des décisions et je ne sais plus qui l’interroge sur ce que va en dire le roi. Tywin répondit simplement que celui qui dirige n’est pas celui qui porte la couronne mais celui qui tient la plus grosse armée. C’est une triste réalité. L’armée est une garante indispensable de la souveraineté nationale. Des pays vivent très bien sans armée. Mais du coup, ces pays dépendent d’autrui pour la défense en cas d’assaut et qu’on se le dise, cela pèse dans les relations internationales. Donc là se pose la vision que l’on a pour la France. Pour moi, la France est un grand pays et un pays qui doit peser dans le monde et pour ce faire, elle ne doit pas être à la solde d’autrui. Si demain, les américains se retournent contre nous pour x ou y raisons, nous serons bien heureux d’avoir une armée pour nous défendre. Évidemment, il faut être lucide, si on part en conflit armé contre les américains, on se fera laminer car notre armée n’est pas à sa hauteur. Cependant, ça donne du poids lors des négociations et dans la diplomatie en générale. De même, on doit pouvoir être capable d’agir sans forcément l’aval des américains, d’autant que depuis la guerre d’Iraq et d’Afghanistan, les étasuniens se sont relativement calmés niveau belligérance. Quand on est parti au Mali (et ne vous inquiétez pas, je reparlerai de cette opération extérieure), on la fait sans les américains et ni même les européens qui ont juste apporté un soutien logistique. C’est important évidemment mais c’était nous qui étions au front et ça, ça change beaucoup de choses. Donc, je ne dis en aucun qu’il faut se séparer des États-Unis, surtout pas. Cela serait une erreur stratégique majeure. C’est un allié précieux. Mais la “protection” américaine ne doit en rien servir comme argument pour la réduction de moyens et d’effectifs de nos armées. Notre alliance via l’OTAN ne doit pas nous rend atone pour autant.

Autre prétexte, l’armement nucléaire. Perçu comme la panacée depuis la démonstration de force des américains sur Hiroshima et Nagasaki, l’atomique et désormais le nucléaire est l’arme ultime de la dissuasion. Qui oserait nous attaquer alors que l’on est capable de faire autant de dégât? Cela a d’ailleurs éviter un gros conflit entre l’URSS et les USA, en se contentant d’une guerre dit froide, même si, disons le, beaucoup de vies ont été brisées par cette guerre “froide”. Si ça a pu ainsi éviter un conflit armée frontal, c’est forcément génial. Et en effet, la dissuasion est importante. Toutefois, c’est ignorer le polymorphisme de la guerre que de se croire en sécurité pour autant. La guerre évolue sans cesse et quand on découvre de nouvelles défenses, de nouveaux types d’attaques apparaissent sans cesse et inversement. Je vais prendre l’exemple des avions. On a inventé les avions, on était alors capable de passer outre les murs et les barrières et d’attaquer ainsi les ennemies depuis le ciel. On a alors inventé les missile antiaérien (surface-air) qui visent à détruire les avions. On a alors équipé nos avions de missiles spéciaux dédiés à la destruction des canons antiaérien. Ce que je veux démontrer, c’est que dès qu’il y a un problème, la guerre évolue, prend un nouveau visage pour contourner nos défenses. Aujourd’hui, la menace nucléaire marche très bien lors de conflits étatiques, avec un territoire et un ennemi clairement défini. Du coup, on a moins de guerres interpays, même si, comme je l’ai rappelé, il y en aura toujours. Mais le nouveau fléau est le terrorisme et l’implication de différents pays dans le terrorisme. Puisque que les pays ne veulent plus (aussi dû à la pression populaire) aller en guerre, ils financent des groupuscules ou les arment pour se soulever contre les ennemis du pays. J’ai déjà parlé de l'opération Afghanistan où les États-Unis ont financé un groupe dirigé par un certain Ben Laden pour déstabiliser l’Afghanistan. La guerre est devenue indirecte, avec un ennemie caché au sein même de la population innocente, sans territoire clairement défini. Face à ce nouveau type de menaces, nos missiles nucléaires sont bien démunis. Mais cela n’a rien d’étonnant. On trouve toujours moyen de contourner une protection, la protection parfaite est illusoire. Ainsi, obtenir la paix par la seule présence d’arme nucléaire est utopique. Et pour tant, là encore, cela servit de prétexte pour réduire le nombre de personnes dans notre armée. Et ce fut une grosse erreur car désormais, pour débusquer les terroristes, faut une présence au sol et pour ça, bah faut des soldats, des espions mais aussi des ingénieurs, des mécaniciens, des démineurs, des personnes pour tenir le camp, etc. Bref, ça demande des Hommes. Donc ce n’est absolument pas une excuse pour réduire nos effectifs.

Enfin, autre point, l’Europe de la Défense. Les différents états européens se sont réunis dans une structure commune qu’est l’Union Européenne pour avoir une cohésion et cohérence entre les différents pays du continent. On a ainsi mené de nombreuses politiques communes. Et certains souhaitent que parmi les domaines communs se trouvent l’armée. Une armée européenne serait une armée beaucoup plus conséquente et surtout, cela permettrait de mutualiser le coût de celle-ci. Après tout, quand la France va au Mali pour éviter l’expansion de l’Islam radical pour éviter des perturbations en Nord Afrique, elle le fait pour son intérêt, car on a des bases là-bas, mais aussi dans l’intérêt d’autres pays européens. Ainsi pourquoi serait-elle la seule a en payé le coût? C’est une question tout à fait légitime (et je n’ai pas oublié, je reviendrai sur l’opération Serval). Alors sincèrement, l’Europe de la Défense, cela serait juste génial et les armées françaises y oeuvrent. Il y a beaucoup plus de cohésion militaire que dans d’autres politiques communes, il ne faut pas croire. Mais là où le bât blesse, c’est niveau politique et souveraineté. Aujourd’hui, l’Union Européen est un mastodonte. La logique expansionniste fait que l’on a désormais 28 pays au sein de celle-ci. Or, c’est 28 opinions et intérêts divers qu’il faut concilier pour faire bouger les choses. Et c’est parfois, compliqué. Reprenons le Mali, l’Afrique est important pour les anciens pays colonisateurs tel que l’Angleterre, la France mais aussi pour les pays frontaliers méditerranéens comme l’Italie, l’Espagne. La stabilité africaine est pour ceux-ci important. Mais pour les pays de l’Europe de l’Est comme la Pologne, l’Estonie ou la Hongrie, la menace vient plutôt de l’Est et donc de la Russie. On a des intérêts et des histoires très convergeantes et donc certains pays, comme la France, veulent pouvoir agir sans nécessité l’aval de tout le monde et être ainsi capable de défendre seul ses intérêts, ce qui lui assure son indépendance. Et beaucoup de pays pensent comme ça, notamment en Europe de l’Ouest. Il serait intéressant de commencer petit mais bien qu’un idéal, l’Europe de la Défense n’est pas prête d’être construite.

Toutes ses raisons ont poussé nos dirigeants à réduire l’armée d’autant que la pression économique s’intensifiait sur l’État. Néanmoins, j’ai tenté de démontrer, sans trop m’étaler car sinon cela prendrait des heures, que c’est des excuses fallacieuses et qu’au contraire, in fine, on a surtout besoin de notre armée. Bon, je me suis étendu sur les raisons de sa réduction et je voulais désormais m’atteler à ses problèmes intrinsèques et structurelles mais je me rend compte que l’article fait déjà 3 pages Word. Du coup, je vais peut-être faire cela dans un autre article et m’arrêter là pour celui-ci.

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